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2 juin 2025 – Sarah Jurisch Praz

Impossible aujourd’hui d’ignorer la question des troubles de l’apprentissage, en particulier les troubles “dys” (dyslexie, dyspraxie, dyscalculie, etc.). Le sujet est omniprésent, à tel point qu’on pourrait se demander : existe-t-il encore des personnes qui n’éprouvent aucune difficulté à apprendre?

Mais au-delà des diagnostics, ce thème soulève des questions bien plus profondes, tant individuelles que sociétales.

1. Différent·e·s… mais à quel point?

Si 10 à 20 % de la population est considérée comme neuro-atypique, c’est-à-dire que ces personnes pensent, traitent l’information ou interagissent différemment, est-il encore pertinent de les considérer comme “à part”?
Pourquoi continuer à penser en termes de normalité, quand la diversité cognitive est une réalité statistique… et humaine?

2. Un système scolaire figé

L’école met en place certaines aides pour les élèves à besoins spécifiques : temps supplémentaire, matériel adapté, accompagnement personnalisé…

Mais ces mesures, souvent conditionnées à un diagnostic médical, visent surtout à intégrer les élèves dans un système qui, lui, ne change pas fondamentalement.

Le risque est grand : à force de chercher à “adapter” les élèves sans remettre en question le cadre, on finit par leur faire porter la responsabilité de leur difficulté d’intégration. Comme si l’échec leur appartenait… malgré toutes les “aides” mises en place.

3. Le diagnostic : une clé… pas pour tout le monde

Obtenir un diagnostic est devenu une condition pour accéder à certaines aides scolaires. Or, le système de santé est saturé, les délais d’attente explosent, et les inégalités s’accentuent.

Il y a celles et ceux qui décrochent ce “sésame”… et les autres, qui devront avancer sans soutien.

Et au fond, est-ce qu’un fonctionnement cognitif différent justifie toujours un diagnostic de trouble ? Beaucoup de personnes s’adaptent, parfois au prix d’efforts considérables. C’est notamment le cas des filles, souvent sous-diagnostiquées car elles dérangent moins en classe. Elles “compensent” silencieusement, parfois jusqu’à l’épuisement.

3. Et après l’école?

Même avec un diagnostic, la vie ne devient pas forcément plus simple. À l’entrée dans une formation, dans un emploi, un dossier médical peut devenir une étiquette. Une stigmatisation de plus. Une injustice ressentie, parfois même par les autres élèves ou collègues.

Faut-il forcément passer par un diagnostic pour être reconnu·e ? Pour être aidé·e? Pour réussir?

3. APPRENDRE : une autre voie

C’est à partir de toutes ces réflexions que j’ai fondé APPRENDRE.

Mon objectif n’est pas de proposer un soutien scolaire traditionnel, ni de multiplier les béquilles pédagogiques. Je veux mettre l’accent sur les stratégies d’apprentissage propres à chaque individu.

Pourquoi?

  • Parce que chacun·e de nous a une manière unique d’apprendre – bien avant d’entrer à l’école. Mais nous en sommes rarement conscient·e·s.
  • Parce que le système scolaire, malgré les efforts, reste globalement inchangé. Il est donc essentiel de s’outiller pour s’y adapter de façon autonome.
  • Parce que dans une société de plus en plus exigeante sur le plan professionnel, l’apprentissage ne s’arrête jamais. Or, une fois les études terminées, les aides disparaissent.
  • Parce qu’accompagner chacun·e à trouver ses propres ressources, c’est contribuer à plus de justice sociale et à une société réellement inclusive.

Conclusion : changer de regard sur l’apprentissage

Et si, au lieu de chercher à « réparer » les élèves qui n’entrent pas dans le moule, on changeait de regard?
Et si, au lieu de chercher à tout diagnostiquer, on s’attardait sur les forces et potentiels de chacun·e?

Comprendre comment on apprend, c’est bien plus qu’un avantage scolaire : c’est une clé d’émancipation, d’autonomie et d’égalité.

Et vous, connaissez-vous votre manière d’apprendre?