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3 mars 2025 – Sarah Jurisch Praz

« Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement » (Boileau)

Avez-vous déjà été paralysé au moment d’exécuter une tâche ?

Votre supérieur hiérarchique vous demande de faire quelque chose et au moment de le faire, vous ne savez plus ce qu’on vous a demandé ou vous ne savez plus comment vous y prendre. Vous devez rendre un rapport sur le sujet. Et bien sûr vous devez avoir terminé pour hier.

Ceci vous rappelle quelque chose ? Avez-vous déjà vécu ce genre de situation ?

Dans notre quotidien professionnel et pédagogique, il arrive souvent que l’on se sente submergé par la quantité de tâches à accomplir et le temps limité pour les réaliser. « Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement », disait Boileau. Mais comment arriver à clarifier nos idées lorsque le temps semble toujours nous manquer ? En coaching pédagogique, cette question de la gestion du temps et de la structuration mentale est au cœur de l’accompagnement des apprenants et des professionnels. Pourquoi est-il si difficile de prendre le temps de réfléchir avant d’agir ?

1.     Pour produire, il faut penser

Boileau avait déjà l’intuition au 17e siècle de ce qu’Antoine de La Garanderie formalisera au 20e siècle sous le nom de gestion mentale.

Pour énoncer clairement son propos, il est nécessaire que quelque chose se soit passé dans notre cerveau. Conceptualiser, organiser ses pensées, faire des liens… tout cela est un préalable nécessaire à une production claire et compréhensible pour autrui.

En entreprise, lorsque l’on vous demande de réaliser une tâche (produire un rapport, préparer une présentation, construire une solution, fabriquer un objet…), il s’agit en fait d’un processus complexe nécessitant :

  • d’analyser le contexte en profondeur: situation, acteurs, environnement, cadres d’intervention, etc.
  • d’identifier les concepts que l’on connaît et qui pourraient s’appliquer à la situation examinée.
  • de faire des liens avec des situations connues pour relever les différences et similitudes avec la situation examinée.
  • d’adapter les concepts identifiés pour qu’ils correspondent parfaitement aux caractéristiques de cette situation particulière.

2.     Penser demande du temps

Pour exécuter toutes ses tâches, un certain temps est nécessaire. Mais ce besoin se heurte au leitmotiv « action – réaction », très fréquent en entreprise.

Certes, la rapidité (Action – Réaction) est utile dans certaines situations, notamment de survie, mais elle n’est pas pertinente pour ce qui concerne la pensée et l’apprentissage. Plus le processus est complexe, plus il nécessite de temps.

Cette question se pose d’ailleurs aussi bien dans le domaine de la formation que dans celui du travail.

 

Pour mieux gérer cette tension entre temps et qualité, voici quelques stratégies à adopter :

  • Décomposez votre travail en tâches plus petites : elles vous demandent moins de temps que la totalité et vous permettent de prendre conscience de l’avancée de votre travail.
  • Analysez la demande : vous demande-t-on de faire le tour de la question ou d’ébaucher une réponse ciblée ? Devez-vous produire une esquisse ou un projet totalement abouti ? En cas de doute, reformulez avec vos mots ce que vous avez compris de la demande.
  • Identifiez les ressources que vous pouvez utiliser : avez-vous déjà fait un projet similaire ? Pouvez-vous « recycler » et adapter un projet antérieur ?
  • Évaluez le temps dont vous disposez et communiquez clairement sur ce que vous pouvez livrer dans ce délai.

Et vous ? Estimez-vous avoir suffisamment de temps pour construire votre pensée ? Avez-vous l’impression de courir après le temps ? De devoir choisir entre le temps à disposition et la qualité de votre production ? Quelles stratégies utilisez-vous pour mieux gérer votre temps de réflexion ?