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25 février 2025 – Sarah Jurisch Praz

Pas d’apprentissage sans évocation

Avez-vous déjà eu l’impression d’avoir compris quelque chose en classe, mais d’être incapable de le restituer plus tard ?

Une grande partie de la formation se passe à l’école. Et souvent on pense que c’est à l’école qu’on apprend. Ce n’est que partiellement vrai.

Rappelons-nous d’abord que chacun et chacune d’entre nous a appris un certain nombre de choses hors du cadre scolaire. Dans les premiers mois de notre vie, c’est dans le cadre familial que nous avons appris à parler, à marcher, à manger, etc. Ensuite, toutes sortes d’activités ont lieu en dehors du cadre scolaire et comportent une part d’apprentissage, comme les activités sportives, culturelles et artistiques.

Et même lorsque l’on parle d’apprentissage scolaire, tout ne se joue pas entre les murs de l’école, bien au contraire !

1. Pourquoi percevoir ne suffit pas pour apprendre

En classe, on perçoit un certain nombre de choses, au travers de nos sens. Ces perceptions sont liées à son environnement, à l’enseignant, au contenu : une ambiance, des sons, des images, du mouvement, des odeurs, etc. Mais attention, percevoir n’est pas apprendre, bien que ce soit le premier pas pour apprendre. La nuance est importante.

2. Évoquer : la clé d’un apprentissage efficace

Pour apprendre, il est nécessaire de faire exister ces perceptions à l’intérieur de sa tête. Il s’agit de se représenter ce que l’on a perçu : en se le racontant, en construisant des images, des vidéos, des photos, en entendant à nouveau dans sa tête, en sentant l’atmosphère… Bref, il est nécessaire de reconstruire ses perceptions dans sa tête. C’est ce qu’on appelle l’évocation.

Évoquer permet ensuite de pouvoir retourner « comme en situation » en rappelant à notre conscience les images, sons, odeurs, etc. que l’on a fait entrer dans sa tête. En organisant ces évocations, en faisant des liens, en les comparant, on va fixer un certain apprentissage. On pourra ensuite l’utiliser dans des situations diverses.

Lorsque l’on a appris quelque chose, on peut donc l’utiliser, produire quelque chose. Finalement, apprendre débouche sur la capacité à faire sortir quelque chose de soi, en le disant, en l’écrivant, en le dessinant, en l’expliquant, etc. On peut ainsi répondre à une question, faire un examen, produire un rapport, créer une œuvre d’art, écrire un roman, organiser un voyage. Apprendre c’est donc ce qui nous permet d’agir dans le monde dans lequel on vit.

3. Trouver sa propre méthode d’évocation

Si l’évocation est un préalable nécessaire à l’apprentissage, une question reste en suspens. Comment s’y prendre pour évoquer ?

Évoquer ne s’apprend pas vraiment. Nous le faisons spontanément mais nous n’en avons pas conscience. Or, prendre conscience de sa manière d’évoquer permet de faciliter le retour sur ce qu’on a appris.

Nous avons chacun et chacune certaines manières d’évoquer qui sont plus naturelles et plus « faciles » pour nous.  Pour certaines personnes, les évocations viennent spontanément sous forme d’images, pour d’autres sous forme de sons, pour d’autres encore sous forme de sensations. Certaines personnes voient des dessins, d’autres des « photos », d’autres des films ou des mangas. Certaines entendent leur propre voix dans leur tête, d’autres ré-entendent ce qui s’est dit avec les voix des individus présents. Pour certaines personnes, les sensations seront tactiles, d’autres se focaliseront sur le goût ou les odeurs.

Il y a une richesse illimitée dans la manière d’évoquer dans sa tête ce que l’on a perçu. La question n’est pas de savoir si une manière est meilleure qu’une autre. Chacun et chacune d’entre nous fait avec sa manière de faire. Néanmoins, lorsque l’on apprend, il est important de multiplier les évocations. En effet, se représenter les choses de manières multiples et diversifiées nous donne une grande palette sur laquelle nous appuyer pour retrouver dans notre tête ce que l’on a appris.

4. Conclusion

Il n’existe donc pas de recette miracle ou de procédure identique pour apprendre. Toutefois, pour qu’un apprentissage se produise, il est absolument nécessaire que quelque chose entre dans notre cerveau à travers nos sens, puis que ce « quelque chose » soit évoqué en profondeur (sous des formes variées et en faisant des liens), avant d’en ressortir d’une manière ou d’une autre, à l’occasion d’un examen, d’une création ou encore simplement d’une discussion.

Et vous, comment évoquez-vous ce que vous apprenez ? Prenez un instant pour repenser à un souvenir marquant et observez : voyez-vous une image, entendez-vous des sons, ressentez-vous des sensations ?